Malgré l’intérêt que semblent lui porter les lecteurs (*) à qui j’ai confié pour avis le manuscrit de ces lettres, elles ne feront l’objet que d’une diffusion restreinte.
Pour trois raisons :
- il serait trop facile de retrouver la trace d'officiers dont j’ai été témoin du naufrage moral, de porter alors atteinte à leur mémoire et de blesser leur famille,
- les militants « droits de l’hommistes », « islamistes » ou «nostalgiques de l’Algérie Française » pourraient y trouver des munitions pour des polémiques que je ne souhaite pas alimenter,
- mes Chaambas ont suffisamment souffert depuis 1962 pour ne pas risquer de provoquer de nouvelles blessures en rendant publics des faits et gestes qui, à l’époque, faisaient leur gloire et qui aujourd’hui les frapperaient, eux et leurs familles, de l’étiquette infamante de « collabos ».
J’aurais pu alors conserver cette correspondance dans les archives familiales. Elles y attendraient sagement leur exhumation par un mes descendants direct ou indirect à un moment où les passions se seraient apaisées.
J’ai toutefois pris la décision de les éditer.
D’abord pour des lecteurs que cette période intéresse et qui seront heureux d’y trouver un éclairage instantané et, au jour le jour, sur des évènements dont les acteurs et les témoins ont été avares de confidences.
Mais aussi pour tous les hommes de bonne volonté qui, à cette occasion, pourront y découvrir combien notre destinée devient pitoyable et indigne quand un port d’uniforme nous fait abandonner notre liberté de jugement et de comportement.
Je souhaite qu’à la lumière de ces écrits, et des conclusions que je tire de cette expérience, mes lecteurs s’interrogent, sur la façon dont leur liberté est conditionnée, quand elle n’est pas niée.
C’est donc cet effort, lucide et sans complaisance, que, je l’espère, ces « Lettres du Sahara » pourront encourager.
Nota :
(*) quelques réactions de lecteurs du manuscrit :
Pour trois raisons :
- il serait trop facile de retrouver la trace d'officiers dont j’ai été témoin du naufrage moral, de porter alors atteinte à leur mémoire et de blesser leur famille,
- les militants « droits de l’hommistes », « islamistes » ou «nostalgiques de l’Algérie Française » pourraient y trouver des munitions pour des polémiques que je ne souhaite pas alimenter,
- mes Chaambas ont suffisamment souffert depuis 1962 pour ne pas risquer de provoquer de nouvelles blessures en rendant publics des faits et gestes qui, à l’époque, faisaient leur gloire et qui aujourd’hui les frapperaient, eux et leurs familles, de l’étiquette infamante de « collabos ».
J’aurais pu alors conserver cette correspondance dans les archives familiales. Elles y attendraient sagement leur exhumation par un mes descendants direct ou indirect à un moment où les passions se seraient apaisées.
J’ai toutefois pris la décision de les éditer.
D’abord pour des lecteurs que cette période intéresse et qui seront heureux d’y trouver un éclairage instantané et, au jour le jour, sur des évènements dont les acteurs et les témoins ont été avares de confidences.
Mais aussi pour tous les hommes de bonne volonté qui, à cette occasion, pourront y découvrir combien notre destinée devient pitoyable et indigne quand un port d’uniforme nous fait abandonner notre liberté de jugement et de comportement.
Je souhaite qu’à la lumière de ces écrits, et des conclusions que je tire de cette expérience, mes lecteurs s’interrogent, sur la façon dont leur liberté est conditionnée, quand elle n’est pas niée.
C’est donc cet effort, lucide et sans complaisance, que, je l’espère, ces « Lettres du Sahara » pourront encourager.
Nota :
(*) quelques réactions de lecteurs du manuscrit :
Tristan, mon fils :
« ...Merci pour votre manuscrit qui m’a passionné, je l’ai relu deux fois. Je ne sais pas si je puis avoir un avis objectif sur les pages étant votre fils (« mon père ce héros ! ») mais il me semble que cela peut être publié tel quel, il y a une fraîcheur, une spontanéité très vivante qui éclaire bien cette période en effet très sombre. Je ne pensais pas que la torture ait été à ce point banalisée et que beaucoup se sont salis les mains et la conscience ainsi . C’est sans doute pour cela qu’on a tant de mal en France à parler des « événements ».
Jean, mon frère :
« ... J'ai commencé à lire la transcription de tes lettres d'Algérie. C'est très intéressant, mais aussi très émouvant. Quand je pense aux responsabilités qui pesaient sur tes épaules alors que tu n'avais à peine que 21 ou 22 ans et que tu te trouvais pratiquement seul à l'heure des choix importants. Cela paraît inimaginable aujourd'hui où les jeunes sont tellement et si longtemps protégés. J'aimerai que mes enfants puissent les lire à leur tour... »
Emmanuel, mon neveu :
« ...Ce recueil de lettres est absolument passionnant. Le début me fait un peu penser au désert des Tartares. Un jeune officier plein d’entrain, à la recherche d’un ennemi invisible. Puis, petit à petit, le contact avec le conflit se fait. Mais il ne s’agit pas d’un conflit net, avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre. C’est le traitement des tribus nomades, la torture, les désertions, le manque de sens de l’ensemble, l’armée qui se délite, et la quasi débâcle à la fin. Il y a une tension et un malaise grandissant dans ces lettres qui est frappant. Un romancier n’aurait sans doute pas fait mieux... Cette période de la guerre d’Algérie, reste encore aujourd’hui très obscure, et difficile à insérer dans les livres d’histoire. Pas de faits héroïques marquants, pas de victoires (ou de défaites) éclatantes, pas de grands Capitaines à donner en exemple, pas de grandes idées ou de grandes vérités données pour justifier la souffrance. Votre récit en est un témoignage supplémentaire... »
Jean de Viguerie, l’historien, mon ami :
« ... Tu décris fort bien sans polémique et avec un détachement étonnant pour un garçon de 21 ans, les évènements que tu as vécus. Si tu publies – ce qui me paraît souhaitable – tu rendras service aux générations qui nous suivent et ne savent rien de cette « sale guerre », de cette tragédie que nous avons connue... Grâce à toi, les derniers jours de notre armée au Sahara revivent. On voit tout : le pays, les populations misérables, les appelés, les sous-officiers de toutes catégories, les officiers minables et les excellents, les généraux trouillards, les vilains ministres et surtout nos soldats musulmans. Ce que tu dis de ces derniers est le plus émouvant de ton recueil. Ton récit de la mort du caporal Zouai est admirable... »
(**) comme l'anarchiste, le libertarien souhaite, au nom de la liberté individuelle, la fin des Etats ; mais pour le libertarien, contrairement à l'anarchiste, il n'y a de liberté que fondée sur le droit de propriété
« ...Merci pour votre manuscrit qui m’a passionné, je l’ai relu deux fois. Je ne sais pas si je puis avoir un avis objectif sur les pages étant votre fils (« mon père ce héros ! ») mais il me semble que cela peut être publié tel quel, il y a une fraîcheur, une spontanéité très vivante qui éclaire bien cette période en effet très sombre. Je ne pensais pas que la torture ait été à ce point banalisée et que beaucoup se sont salis les mains et la conscience ainsi . C’est sans doute pour cela qu’on a tant de mal en France à parler des « événements ».
Jean, mon frère :
« ... J'ai commencé à lire la transcription de tes lettres d'Algérie. C'est très intéressant, mais aussi très émouvant. Quand je pense aux responsabilités qui pesaient sur tes épaules alors que tu n'avais à peine que 21 ou 22 ans et que tu te trouvais pratiquement seul à l'heure des choix importants. Cela paraît inimaginable aujourd'hui où les jeunes sont tellement et si longtemps protégés. J'aimerai que mes enfants puissent les lire à leur tour... »
Emmanuel, mon neveu :
« ...Ce recueil de lettres est absolument passionnant. Le début me fait un peu penser au désert des Tartares. Un jeune officier plein d’entrain, à la recherche d’un ennemi invisible. Puis, petit à petit, le contact avec le conflit se fait. Mais il ne s’agit pas d’un conflit net, avec les bons d’un côté et les méchants de l’autre. C’est le traitement des tribus nomades, la torture, les désertions, le manque de sens de l’ensemble, l’armée qui se délite, et la quasi débâcle à la fin. Il y a une tension et un malaise grandissant dans ces lettres qui est frappant. Un romancier n’aurait sans doute pas fait mieux... Cette période de la guerre d’Algérie, reste encore aujourd’hui très obscure, et difficile à insérer dans les livres d’histoire. Pas de faits héroïques marquants, pas de victoires (ou de défaites) éclatantes, pas de grands Capitaines à donner en exemple, pas de grandes idées ou de grandes vérités données pour justifier la souffrance. Votre récit en est un témoignage supplémentaire... »
Jean de Viguerie, l’historien, mon ami :
« ... Tu décris fort bien sans polémique et avec un détachement étonnant pour un garçon de 21 ans, les évènements que tu as vécus. Si tu publies – ce qui me paraît souhaitable – tu rendras service aux générations qui nous suivent et ne savent rien de cette « sale guerre », de cette tragédie que nous avons connue... Grâce à toi, les derniers jours de notre armée au Sahara revivent. On voit tout : le pays, les populations misérables, les appelés, les sous-officiers de toutes catégories, les officiers minables et les excellents, les généraux trouillards, les vilains ministres et surtout nos soldats musulmans. Ce que tu dis de ces derniers est le plus émouvant de ton recueil. Ton récit de la mort du caporal Zouai est admirable... »
(**) comme l'anarchiste, le libertarien souhaite, au nom de la liberté individuelle, la fin des Etats ; mais pour le libertarien, contrairement à l'anarchiste, il n'y a de liberté que fondée sur le droit de propriété

